jeudi 3 septembre 2009

Un petit goût de rentrée dans le lard

Pour démasquer la publicité mensongère, rien de tel qu'une petite vidéo en caméra cachée sur la réalité du mode de fabrication du produit.

Voici donc comment la publicité valorise le consommateur, roi des chasseurs :
pub Charal

et voici quelques images de la réalité de ce digne combat entre l'homme et son gibier
attention, images choquantes et visionnage sur inscription - sachez simplement que les bêtes sont pendues par les pieds au moment de leur couper la trachée

Faut-il interdire la publicité, à l'exclusion de celle montrant la réalité du produit et de son mode de fabrication ?
Les vendeurs de viande feraient sûrement moins de publicité.
Avantages : nous aurions moins de maladies cardio-vasculaires, il y aurait moins de CO² dans l'atmosphère...
Inconvénients : nous ne serions plus brossés dans le sens du poil par Charal, et il faudrait compter sur autre chose que les publicités pour s'en payer une bonne tranche.

Listes sûrement incomplètes !

vendredi 26 juin 2009

Se shooter plus au café pour blogger plus

Veille de fête des pères, je vais voir à la boutique Nespresso : il paraît qu'on peut y déguster un café avant de s'engager à vie avec eux (rappel : les cafetières Nespresso ne peuvent être utilisées qu'avec des dosettes Nespresso, qui sont vendues en exclusivité dans les boutiques Nespresso), et puis, ce serait un beau cadeau familial pour remplacer l'entonnoir, non ?
Certes, le café, à l'unité, coûte ensuite 6 fois plus cher ; mais n'est-il pas 2,7 fois meilleur ? (il faudrait faire des études de consommateurs pour confirmer ce chiffre, car, l'important, pour le prix comme pour le goût, c'est ce qui est perçu).
Donc, dans la boutique, beaucoup de clients, (une dame, la soixantaine, aux cheveux peroxydés, en sort en se plaignant à sa famille qui l'attendait : "devant moi il y avait des vieilles, ça a mis des heures"). Je demande à déguster un café, on me dit que c'est seulement dans un processus d'achat et l'on me renvoie à l'accueil.

Et là, voici le spectacle :
50 euros la machine Nespresso ? C'est cher ou pas ?
Ah tiens, elles sont toutes à 50 euros ?





Bah non, évidemment, c'est une offre de remise de 50 euros, c'est marqué, en tout petit. C'est évident de toutes façons, une machine Nespresso utilisée par George Clooney, ça ne peut pas valoir 50 euros.

Car c'est bien selon ce critère que cet affichage pourrait être jugé comme mensonger ou non : la différence entre le prix normal du produit et le prix affiché est-elle disproportionnée ? Si oui, le bon sens du consommateur doit lui faire comprendre qu'il ne peut s'agir du prix, mais, soit d'une erreur d'affichage, soit d'une autre explication... (cf. juriprudensce, par exemple T. Corr., Paris, 13 avril 1993, Gaz. Pal. 1983, jur. P. 343 : le slogan " la pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert" n'a pas été jugé de nature à induire en erreur, le public ne pouvant se dispenser du moindre effort d'attention ou de reflexion.)


Au vu de ces photos, il ne serait pas ridicule de poursuivre Nespresso de façon à les obliger à vendre toutes leurs machines à 50 euros... c'est un prix normal pour une machine à café et sans aucun doute supérieur aux coûts de fabrication (si l'on exclut les frais de tests de chaque machine par George Clooney).

Mais au final, il faudrait toujours acheter la dosette de "drogue du travail" aussi cher ! Allez, je vais me faire un café entonnoir : j'ai la version sans fil !

mardi 24 février 2009

Et qui c'est qui se sucre ?

Je suis parti dans ma cuisine à la recherche d'un premier exemple de communication mensongère. Et j'ai trouvé le "C'est la vie". Vous ne connaissez pas ce produit ? Allez voir dans votre cuisine, je suis sûr que vous en avez :
avant, ça s'appelait "sucre" !

Voilà ce que nous dit ce paquet de sucre, distribué à des millions d'exemplaires :
"C'est la vie", "Toute la vitalité de la nature", "Au p'tit déj, quand c'est jus de fruit, je saupoudre : quelle énergie ! A midi, si c'est laitage, je saupoudre : le plaisir a du goût ! Plus tard, il y a une fête, je saupoudre : Oui ! c'est vraiment la fête !", "A chaque moment de vie, le sucre est l'énergie du quotidien".

Difficile de démêler le vrai du faux dans tout ça, non ? Car il y a du vrai !

- Vrai que le sucre est un excitant : "quelle énergie !", "c'est vraiment la fête"... (en tant qu'animateur ou directeur de "colo", j'ai compris qu'il valait mieux arrêter la distribution de bonbons et boissons sucrées une heure avant d'annoncer la fin de la boum...)

- Vrai que le sucre peut créer de la dépendance ("au p'tit déj, je saupoudre".."plus tard, je saupoudre"...). Le "C'est la vie" donne une consigne de consommation : "à chaque moment de vie, le sucre..." - ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour faire autre chose.

La surconsommation de sucre semble être un autre enjeu que la publicité mensongère. Mais ce premier sujet nous donne déjà deux pistes de réflexion :
1. La communication mensongère peut utiliser comme technique de ne présenter que le bon côté des choses ("le sucre donne de l'énergie"). Le mensonge par omission est-il inclus dans la loi ? Y-a-t'il eu des condamnations sur ce motif ? Quelles limites se fixent les entreprises et les agences de publicité ? J'en appelle aux juristes spécialisés, travaillant pour des marques ou agences : venez témoigner librement !


2. Les cas de communication mensongère n'apparaissent-ils pas lorsque, justement, il y a quelque chose à cacher ? Je pense déjà à un prochain sujet : les représentations de la nature dans les produits industriels agro-alimentaires.

Continuons l'analyse de cette communication - mensongère ?
"Toute la vitalité de la nature". cette phrase est simple, et ne veut pas dire autre chose que : "dans ce kilo de sucre il y a toute la vitalité de la nature": toute ? TOUTE ?? Dans un kilo de sucre ? C'est impossible. J'en appelle cette fois aux biologistes : la nature peut-elle être entièrement incluse dans un kilogramme de sucre ? Ou bien, cela est-il un flagrant délit de mensonge ?
Plus vrai serait de dire : "Une infime partie de la vitalité de la nature". Certes, le sucre est un extrait concentré de la nature (il faut 10 à 15kg de betterave pour faire un kilo de sucre), un peu comme la cocaïne par exemple, extraite de la feuille de coca, feuille très bonne pour la santé... Devrait-on manger plus de betterave et moins de poudre ? Le lobby du sucre, paraît-il très puissant, va-t-il m'engager pour revoir sa communication (c'est aussi mon métier !), ou bien m'assassiner ? Je suppose qu'ils étudieront la solution la moins coûteuse..

Concluons avec les illustrations de ce paquet : on y voit des enfants très souriants et très actifs, reprenant donc l'idée principale : le sucre excite et rend heureux. Soit. Mais... Un personnage joue avec un "saupoudreur" géant, un autre est déguisé en cow-boy sur une banane volante... Le sucre aurait-il aussi des effets hallucinatoires ?

Au-delà de la "plaisantriste", nous reviendrons, à l'aide d'autres exemples, sur la notion de mensonge par l'image (le "mensonge pictural"...), et particulièrement l'illustration. Quelle valeur informative a-t-elle ? Sur quels critères distinguer, dans une même image, le décoratif et l'informatif ? Attention : il faudra peut-être en passer par un peu de théorie sémiotique !

vendredi 20 février 2009

Présentation du blog

Bonjour :)
Je vous propose de partager sur ce blog des exemples avérés de publicité mensongère, et quelques analyses de ces pubs et de la notion de mensonge en publicité.

La notion de "publicité mensongère" est définie par le droit :
"Art. L. 121 - 1 - Est interdite toute publicité comportant, sous quelque forme que ce soit, des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur (...)".

Je pense que cette définition est insuffisante. de plus, elle n'est manifestement pas respectée. Enfin, les amendes en cas de condamnation sont ridicules : "le maximum de l'amende prévue à cet article peut être porté à 50% des dépenses de la publicité constituant le délit."
Une entreprise peut donc quasi-impunément faire de la publicité mensongère, car :
- si une association de consommateur prend la peine (et le risque) de porter plainte ;
- et si elle gagne le procès (après avoir investi du temps et de l'argent, tandis que la publicité aura été déjà rentabilisée) ;
Le risque maximal pour l'entreprise est d'augmenter le coût final de la campagne de 50%. Donc, même dans ce rare cas, si la publicité mensongère est assez efficace commercialement, l'opération reste bénéficiaire.
La loi ne devrait-elle pas plutôt baser l'amende sur le nombre de produits vendus ?

Je vous propose donc de créer ensemble une collection de publicités mensongères (ou de communication, notamment par le packaging). A bientôt pour le premier exemple !